mardi 24 mai 2011

Pourquoi l'Espagne se mobilise, pas la France

Depuis plusieurs semaines maintenant, les ''indignés'', comme ils s'appellent eux-mêmes, ont investi massivement une des places centrales de Madrid. Et d'autres villes en Espagne.

Un mouvement populaire de mobilisation à grande échelle sans précédent en Espagne, peut être depuis la fin de l'ère Franco.

Une mobilisation qui, une fois de plus, a été initiée par des jeunes via les réseaux sociaux tels Facebook ou encore Twitter.

La similitude avec les ''printemps'' tunisiens et égyptiens frappe.

Un mouvement qui, désormais, concerne toute la population espagnole. Car les jeunes ont été largement rejoints par des cadres, travailleurs indépendants, fonctionnaires, retraités... Bref, un mouvement avant tout social et bigarré.

Tous unis contre le ras bol d'une élite politico-médiatique qui vivrait dans un autre monde, hors sol, préservé des conséquences terribles de la crise économique qui frappe sévèrement et durement les espagnols, tous sans exception. Sans parler de la cure d'austérité qui devrait aggraver la situation de beaucoup.

En effet, le taux de chômage est passé de 8% à 20% ! Quant aux jeunes, la conjoncture frôle vraiment le scénario catastrophe avec un sur deux de moins de 25 ans au chômage.

Comme il est à craindre, du désespoir, de l'absence de perspective naît, d'abord la frustration puis la colère qui monte. Irrésistiblement. De sourde, elle finît toujours par éclater. Avant, dans la plupart des cas, de dégénérer. Surtout quand la classe politique fait la démonstration soit de son indifférence, comptant sur le classique essoufflement du mouvement, soit de son incapacité manifeste à répondre aux attentes (immenses) de la population.

C'est probablement une première en Europe occidentale depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Car la nature de cette mobilisation est sociale et civique. Non idéologique.

L'exemple espagnol peut-il donner des idées aux autres peuples européens ? Probablement.

Même si les situations ne sont pas tout à fait les mêmes. Une des singularités de l'Espagne : le taux de chômage particulièrement élevé chez les jeunes.

Cependant, à y regarder de plus près, le tableau n'est pas moins sombre parmi nombre de pays européens.

La France peut-elle aussi être gagnée par l'exaspération espagnole ? J'en doute. Pourtant, objectivement, les français ont toutes les raisons de descendre dans la rue.

Cependant, j'y vois deux éléments inhérents à notre culture et système social qui y font obstacle jusqu'ici.

D'une part, notre individualisme, à croire qu'il est inscrit dans nos gènes. Le Français pense d'abord, généralement, à son propre intérêt avant celui de l'intérêt général. Inutile de s'écrier comme une vierge effarouchée. C'est une part patente de notre culture.

D'autre part, trop de monde profite des largesses de notre système social. Autrement dit, trop de monde est redevable de nos leaders politiques. Il suffit de penser que plus de la moitié des ménages français bénéficient d'aides, de subventions, d'allocations en tous genres pour se subvenir. Une façon d'acheter la paix sociale, à n'importe quel prix en sorte.

A moins que l'émergence d'Internet couplé à un véritable ras le bol, une lassitude, notamment face à aux affaire politiques et aux comportements scandaleux de leaders censés être exemplaires, ne prennent le dessus chez les français. Qu'ils comprennent que tous ensemble, ils auraient nettement plus à gagner qu'à jouer leur propre partition dans leur coin. Qu'ils mesurent que s'indigner est nécessaire mais insuffisant pour espérer changer le cours des choses. La fatalité n'existe que pour ceux et celles qui restent les bras croisés.

lundi 23 mai 2011

Pourquoi sondages et démocratie ne font pas bon ménage

Figurez vous que les jeux étaient faits ! Que le sort des élections présidentielles de 2012 étaient déjà scellé ! Plus de suspens. Nous connaissions le grand gagnant. Son nom ? DSK ! La France doit être probablement la seule démocratie moderne au monde ou, finalement, l'organisation d'élection est inutile, voire futile. Puisque les sondages consacrent un an à l'avance le nom du futur vainqueur.

Imaginez l'économie de coût pour l'Etat. Plutôt une aubaine au moment ou nos caisses sont vides, nos finances publiques affichent des déficits sans pareils et que l'austérité est de rigueur.

Mais voilà, ''l'élu'' avant l'heure selon les sondages et les médias, vient ,en une nuit, de mettre à bas ce scénario trop bien huilé et magnifique. Même magnifié par les médias.

Le scénario déjà écrit, que le bon peuple n'avait plus qu'à avaliser, cela devait être une pure formalité selon ces instituts de sondage et les médias, s'est effondré, a fait littéralement pschitt ! ''Boum boum badaboum'' DSK aurait pu reprendre à son compte la célèbre expression de notre Belmondo national à qui on vient de rendre l'hommage qu'il mérite. Et heureusement de son vivant.

Quelle stupeur a du parcourir le monde politico-médiatique ! L'effroi a du en saisir plus d'un. Une fois de plus, ce qui devait être, ne sera pas.

Rapidement, pour garder la tête haute, on élabore immédiatement de nouveaux scénariis, démontrant que nul, décidément, n'est irremplaçable. On se met en quête, illico, du prochain candidat qui ferait l'affaire. Surtout celle servant les intérêts de l'élite politico-médiatique. Et déjà deux noms tiennent la corde : Martine Aubry et François Hollande. Inutile de dire, qu'à leur place, je m'inquièterai de cet engouement.

Car à ce jour, nul candidat qui avait les faveurs des médias n'est parvenu à gagner l'élection présidentielle. Une vraie malédiction qui, pourtant, ne décourage pas les médias.

En tous cas, il est clair que cette affaire et ses conséquences, posent sérieusement la question de la pertinence des sondages et de leur multiplication si longtemps avant l'échéance.

Faut il les interdire ? Ou tout du moins, revoir la réglementation pour en corriger les excès et abus ? Selon leur périodicité, leur nombre autorisé (mois, semaine), leur récurrence ? Des questions, elles, pertinentes. Et que tout leader politique se devrait de se poser. Un minimum de déontologie en la matière ferait le plus grand bien.

Il est évident que cette surenchère voire orgie sondagière à la longue nuit à la bonne santé de notre démocratie, déjà bien malade au regard à la fois des taux d'absention aux élections et de la défiance forte entre les élus et le peuple.

Qui aura le courage de se saisir de cette question, fondamentale, pour éviter que se répètent les erreurs d'hier ?  Sinon, chacun court le risque d'une réplique du pire, soit un nouveau 21 avril 2002.

lundi 16 mai 2011

DSK, pourquoi l'essentiel est ailleurs...

La contre attaque des amis et proches de DSK ne s'est pas fait attendre. Normal, la meilleure des défenses étant l'attaque ! De surcroît elle se fait sur un terrain attendu, autrement dit, DSK, selon eux, aurait été victime d'un traquenard, d'un piège pour le confondre. Et dans le but, non dit, mais personne n'est dupe, de l'éliminer de la course à la présidentielle 2012.

A cette heure, toutes les conjectures sont envisagées. La justice venant à peine de ce saisir du dossier. Je ne parlerai pas d'affaire. Car je suis viscéralement attaché à un droit fondamental de la personne : sa présomption d'innocence. Les médias, il est regrettable de le dire, se comporte, pour reprendre une expression de François Mitterrand, comme une ''meute de chiens'', la gueule bavante car prêts à tout pour obtenir le scoop qui fera l'audience.

Même si le chefs d'accusation sont très graves. Agression sexuelle et tentative de viols. Inimaginable de la part d'une personnalité aussi imminente et qualifiée que DSK et surtout quand on a pour ambition de devenir Chef de l'Etat de la France.

Néanmoins, la contre attaque de ses proches ne tient pas la route non plus. Car traquenard ou pas, là n'est pas la question. L'inquiétant vient du fait, a priori, que DSK serait incapable de contrôler ses pulsions face à la tentation de la volupté physique. Nous avons tous nos défauts et nos vices. Mais quand on aspire à gouverner un pays on s'attend de la part du prétendant à une plus grand maîtrise de soi, du sang froid et à donner la priorité, en toutes circonstances, à la raison.  Et non céder à ses pulsions.

Dans tous les cas, un comportement incompatible avec ses prétentions politiques. Ses proches ne peuvent, non plus, faire comme si par le passé, DSK n'avait pas fait parler de lui pour des histoires guère son avantage vis à vis du sexe opposé.

 La gêne est conséquente. Sans parler d'un malaise encore plus grand. Car, il y a un côté, malgré tout, sordide. Indigne du rang de l'homme, de la France qu'il représente et du rôle du FMI qu'il présidait, surtout dans ce contexte de crise socio-économique, la pire à laquelle fait face le monde depuis les années 30. Et la désespérance qu'elle a engendré pour beaucoup de nos citoyens.

Il est clair que l'avenir politique de DSK s'arrête, de toutes façons, ici. Même si son innocence est reconnue. Pour l'image déjà désastreuse induite de la France. Pour sa propre réputation, cela va de soi.

Mais, hélas, il n'est pas sûr que cela soit aussi évident pour DSK et ses proches. Dans ce cas, le désastre, moral, serait encore plus dévastateur. Pour le pays.

L'intérêt général commande à DSK ce retrait définitif. Un vrai gâchis. Cependant, DSK n'était-il pas, avant tout, un produit médiatique ? Car à chaque élection, les médias, tel le Golem, nous façonne un candidat qui leur ressemble. Cela fera l'objet d'un autre article.