mardi 30 août 2011

La Politique, pourquoi c'est du spectacle, que du spectacle

Avec les universités d'été à la Rochelle du Parti Socialiste, de facto, la campagne pour les présidentielles 2012 a été lancée. Mais quel coup d'envoi laborieux. Et inquiétant à la fois.

Qu'en retenez vous de ces joutes ? Une nouvelle fois a primé le bras de fer entre les ténors en lice pour les primaires. Quid, une nouvelle fois, des idées fortes et des solutions phares susceptibles de sortir du bourbier économique et de l'enlisement social dans lequel patauge totalement notre pays. Et ce sans réelle perspective d'amélioration d'ici fin 2012 !

En 1967, Guy Débord écrivait un livre qui fera date et dont le titre était ''La société du spectacle''. Etrangement, nous voilà entrés de plain-pied dans la politique du spectacle. La politique devenant elle même un spectacle à elle toute seule. Nos personnalités se donnant en spectacle. Seules comptent désormais l'image, la communication, la séduction orale, la phrase qui fera le ''buzz''...

Bref, nous sommes dans la mise en scène, la forme, seule, compte. Aux oubliettes le fond. Car qui peut, en toute honnêteté, de façon spontanée, citer une idée maîtresse du programme du parti socialiste. Qui fasse souffler un vent de nouveauté. Donc qui n'a pas un goût de déjà vu. Vu et revu. Qui ait un effet ''wouah'' sur nos consciences.

Comment expliquer cette politique du spectacle ? Une des principales raisons tient à la médiatisation de notre société. Les médias sont omniprésents. Et il est regrettable de constater qu'ils sont d'abord et avant tout attirer par l'odeur alléchante des querelles de personnes.

Avec des effets collatéraux multiples. Une des premières victimes sont les électeurs, floués. Donc frustrés. Ce qui se traduit, la plupart du temps, par des taux d'abstention records. Ou des votes protestataires en constante augmentation au mieux, au pire, stables.

Les candidats, ensuite, qui ont un vrai programme novateur, qui font sérieusement bouger les lignes, remettent en cause des acquis, s'attaquent ouvertement à des sujets tabous qui plombent notre débat public depuis trente ans et la conduisent là ou elle en est, un désastre. Que l'on soit d'accord ou en désaccord est, naturellement, un autre sujet. En tête me vient Manuel Valls, qui secoue la momie qu'est devenu le PS, ou encore Montebourg avec son projet de démondialisation. Même si cette thématique est plus que discutable, car plus proche de la démagogie que du réalisme.

Mais ces candidats n'intéressent pas les médias. Ou si peu. Non pleins feux sur l'affrontement entre les ''stars'' Martine Aubry, ceci dit dépassée par la campagne elle-même car déstabilisée par l'élimination brutale de DSK d'une part, et mal préparée, d'autre part. Etre candidat ne se décrète pas. De surcroît dans l'urgence. Mais cela se travaille en amont depuis des mois, voire des années. Preuve en est avec Ségolène Royale en 2007 et François Hollande cette année. Qui aurait misé un rouble sur lui il y a encore plus d'un an ?

Cette politique du spectacle n'a pas/plus sa place au moment ou la France et le monde traverse une crise socio-économique d'une gravité exceptionnelle et dont l'onde de choc est loin encore d'être finie. Sans oublier qu'elle est en déphasage avec des attentes immenses du corps électoral.

jeudi 18 août 2011

2012 : Pourquoi François Bayrou peut croire en lui

Avec 18% des voix au premier tour de la présidentielle de 2007, François Bayrou avait surpris plus d'un spécialiste par l'ampleur de son score. Pas les Français. Et certainement pas l'intéressé lui-même sur de son positionnement. Donc d'une osmose avec une grande partie de l'électorat, de sa rencontre, comme on dit, avec un peuple lors de l'élection clé de voute de notre vie et régime politique.

A l'époque, j'avais écrit, dans un article, que François Bayrou est un OVNI dans notre paysage politique. Car justement, il rebat les cartes du jeu politique traditionnel avec des convictions et des idées non clivantes. Mais qui, bien, au contraire, transcendent les frontières idéologiques classiques établies depuis trente ans. Et qui, de nos jours, ne résistent plus à la confrontation d'une réalité devenue plus changeante, plus complexe.

Sans oublier le fait que François Bayrou aborde, en général, avec courage et de front, de nombreux sujets douloureux, guère populaires pour ne pas dire tabou qui sclérosent notre classe politique depuis trop d'années. Il établit, par ailleurs, des diagnostic très juste sur l'état réel de notre situation, qu'elle soit politique, économique, sociale. Des diagnostics qui sont loin de faire rêver. Donc qui ne devrait pas susciter un enthousiasme électoral. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé en 2007.

Avec la sortie de son livre ''2012, Etat d'urgence'', François Bayrou poursuit donc dans le même registre. Au mieux il s'attire des railleries. Au pire, des commentaires acerbes, le jugeant trop pessimiste. Ou en faisant trop, se prenant pour De Gaulle. Ainsi, dans un article en date du jeudi 18 août 2011, le Monde parle ''d'accents gaulliens''. Sous le titre, on sent poindre une once d'ironie. A tort.

Car, pour la France et l'Europe, l'heure est grave. Très grave. Sans dramatisation aucune. La réalité parle d'elle-même. Pour nous. Sauf pour les non voyants évoluant dans une bulle médiatico-politique fantasmatique, totalement hors sol, sans prise aucune avec la réalité de ses concitoyens.

François Bayrou a le mot juste quand il décrit l'état de la France. Oui il y a état d'urgence. Il est le seul homme politique à prendre la pleine mesure de la gravité de nos patients, en l'occurrence, la France et l'Europe. Il y a urgence puissance 100 à agir dans tous les domaines pour espérer retrouver le chemin de la croissance, relancer la job machine (grippée depuis vingt ans), recréer du bien vivre ensemble...

Sinon la défaite nous menace. Une vraie débâcle même. Comme en 1940. Mais d'une toute autre nature. Pas militaire cette fois, heureusement d'ailleurs. Même si les conséquences seront tout aussi humainement insoutenables sur la durée. La débâcle risque d'être totale. Et nous en serons, tous, responsables. Coupables même. Par notre fuite en avant qui nous mène nulle part, sauf dans une impasse dramatique comme nous le montre la crise aigüe des dettes souveraines. Les pays n'ont d'autres choix que d'appauvrir leur peuple pour se sauver de la faillite ou s'endetter encore plus pour fatalement mener à la faillite leur peuple.

Les médias rappellent, assènent (cela fait partie de la manipulation des foules) qu'il sera difficile à François Bayrou de rééditer le même exploit, parvenir à ses ambitions en étant, cette fois, un homme seul.

Bien sûr, en sachant que comparaison n'est pas raison. Voire très relative car le contexte est incomparable et les hommes loin d'avoir le même profil. Mais osons. Et le Général de Gaulle en juin 1940 ? N'était il pas un homme seul contre tous ? Condamné par Pétain ? Délaissé par l'armée, à de rares exceptions près ? Abandonné par le pouvoir politique ? On connaît tous ensuite la fin heureuse de l'histoire. De notre histoire.

Ce qui fait un grand homme d'Etat ? Sa vision des choses, des faits, sa capacité à anticiper, à prévoir. Qui entre pleinement en résonance avec une attente, des espoirs de son peuple. Même si, c'est au prix de la douleur, de la souffrance. Un peuple préfère une vérité avec au bout l'espoir réel d'un lendemain meilleur qu'un mensonge répété sans certitude aucune sur de jours meilleurs.

François Bayrou peut il éviter la bourde de l'entre tour de 2007 ? Ou il s'est lamentablement compromis en se précipitant dans les bras de Ségolène Royal. Une de ses rares fautes mais qu'il paie probablement encore, déboussolant une part de son électorat. Par cette démarche, il a, également, laissé pensé que ses ambitions personnelles passaient avant les intérêts de la France. Donc il a sévèrement écorné sa stature d'homme politique à part.

François Bayrou a-t-il les épaules assez larges ? Le costume n'est il pas trop grand pour lui ? La rhétorique, aussi belle soit elle et convaincante, est toujours plus facile que l'action. Surtout quand on a les mains dans le cambouis, la tête dans le guidon, bref qu'on est constamment sous la pression des faits à la tête de la cinquième puissance mondiale, faut il le rappeler.

C'est peut être la plus grande des inconnues le concernant. Mais qui croyait en De Gaulle ? A part Churchill. Et encore, du bout des lèvres au début.

Voilà pourquoi François Bayrou peut – vraiment - croire en lui pour 2012.