jeudi 18 août 2011

2012 : Pourquoi François Bayrou peut croire en lui

Avec 18% des voix au premier tour de la présidentielle de 2007, François Bayrou avait surpris plus d'un spécialiste par l'ampleur de son score. Pas les Français. Et certainement pas l'intéressé lui-même sur de son positionnement. Donc d'une osmose avec une grande partie de l'électorat, de sa rencontre, comme on dit, avec un peuple lors de l'élection clé de voute de notre vie et régime politique.

A l'époque, j'avais écrit, dans un article, que François Bayrou est un OVNI dans notre paysage politique. Car justement, il rebat les cartes du jeu politique traditionnel avec des convictions et des idées non clivantes. Mais qui, bien, au contraire, transcendent les frontières idéologiques classiques établies depuis trente ans. Et qui, de nos jours, ne résistent plus à la confrontation d'une réalité devenue plus changeante, plus complexe.

Sans oublier le fait que François Bayrou aborde, en général, avec courage et de front, de nombreux sujets douloureux, guère populaires pour ne pas dire tabou qui sclérosent notre classe politique depuis trop d'années. Il établit, par ailleurs, des diagnostic très juste sur l'état réel de notre situation, qu'elle soit politique, économique, sociale. Des diagnostics qui sont loin de faire rêver. Donc qui ne devrait pas susciter un enthousiasme électoral. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé en 2007.

Avec la sortie de son livre ''2012, Etat d'urgence'', François Bayrou poursuit donc dans le même registre. Au mieux il s'attire des railleries. Au pire, des commentaires acerbes, le jugeant trop pessimiste. Ou en faisant trop, se prenant pour De Gaulle. Ainsi, dans un article en date du jeudi 18 août 2011, le Monde parle ''d'accents gaulliens''. Sous le titre, on sent poindre une once d'ironie. A tort.

Car, pour la France et l'Europe, l'heure est grave. Très grave. Sans dramatisation aucune. La réalité parle d'elle-même. Pour nous. Sauf pour les non voyants évoluant dans une bulle médiatico-politique fantasmatique, totalement hors sol, sans prise aucune avec la réalité de ses concitoyens.

François Bayrou a le mot juste quand il décrit l'état de la France. Oui il y a état d'urgence. Il est le seul homme politique à prendre la pleine mesure de la gravité de nos patients, en l'occurrence, la France et l'Europe. Il y a urgence puissance 100 à agir dans tous les domaines pour espérer retrouver le chemin de la croissance, relancer la job machine (grippée depuis vingt ans), recréer du bien vivre ensemble...

Sinon la défaite nous menace. Une vraie débâcle même. Comme en 1940. Mais d'une toute autre nature. Pas militaire cette fois, heureusement d'ailleurs. Même si les conséquences seront tout aussi humainement insoutenables sur la durée. La débâcle risque d'être totale. Et nous en serons, tous, responsables. Coupables même. Par notre fuite en avant qui nous mène nulle part, sauf dans une impasse dramatique comme nous le montre la crise aigüe des dettes souveraines. Les pays n'ont d'autres choix que d'appauvrir leur peuple pour se sauver de la faillite ou s'endetter encore plus pour fatalement mener à la faillite leur peuple.

Les médias rappellent, assènent (cela fait partie de la manipulation des foules) qu'il sera difficile à François Bayrou de rééditer le même exploit, parvenir à ses ambitions en étant, cette fois, un homme seul.

Bien sûr, en sachant que comparaison n'est pas raison. Voire très relative car le contexte est incomparable et les hommes loin d'avoir le même profil. Mais osons. Et le Général de Gaulle en juin 1940 ? N'était il pas un homme seul contre tous ? Condamné par Pétain ? Délaissé par l'armée, à de rares exceptions près ? Abandonné par le pouvoir politique ? On connaît tous ensuite la fin heureuse de l'histoire. De notre histoire.

Ce qui fait un grand homme d'Etat ? Sa vision des choses, des faits, sa capacité à anticiper, à prévoir. Qui entre pleinement en résonance avec une attente, des espoirs de son peuple. Même si, c'est au prix de la douleur, de la souffrance. Un peuple préfère une vérité avec au bout l'espoir réel d'un lendemain meilleur qu'un mensonge répété sans certitude aucune sur de jours meilleurs.

François Bayrou peut il éviter la bourde de l'entre tour de 2007 ? Ou il s'est lamentablement compromis en se précipitant dans les bras de Ségolène Royal. Une de ses rares fautes mais qu'il paie probablement encore, déboussolant une part de son électorat. Par cette démarche, il a, également, laissé pensé que ses ambitions personnelles passaient avant les intérêts de la France. Donc il a sévèrement écorné sa stature d'homme politique à part.

François Bayrou a-t-il les épaules assez larges ? Le costume n'est il pas trop grand pour lui ? La rhétorique, aussi belle soit elle et convaincante, est toujours plus facile que l'action. Surtout quand on a les mains dans le cambouis, la tête dans le guidon, bref qu'on est constamment sous la pression des faits à la tête de la cinquième puissance mondiale, faut il le rappeler.

C'est peut être la plus grande des inconnues le concernant. Mais qui croyait en De Gaulle ? A part Churchill. Et encore, du bout des lèvres au début.

Voilà pourquoi François Bayrou peut – vraiment - croire en lui pour 2012.

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