mercredi 8 décembre 2010

Pourquoi nos problèmes sont la faute des autres ?

Vous ne l'avez pas remarqué ? Comment cela a pu vous échapper ? Car c'est une vraie spécificité, pour ne pas dire exception, française, pratiquée avec un goût immodéré et un art plus que consommé, en l'occurrence, par notre classe politique.

Une réthorique parfaitement huilée et qui tourne à plein. Des exemples récents le confirment encore. Nous y reviendrons plus bas.

Quel est ce sport ou nous remportons la médaille d'or aisément ?

Celui de renvoyé, à un problème rencontré, la faute à autrui ou à quelque chose.

Un vrai déni de réalité. Mais plus grave une fuite patenté de ses responsabilités.

Prenons des exemples issus tout droit d'une notre actualité, abondamment nourrie (et servie ?) par la crise.

Comme on le sait, la France présente un tableau macro-économique guère flatteur avec des indicateurs quasiment tous au rouge : un déficit commercial conséquent, un déficit public important, une dette publique colossale, un taux de chômage au plus haut depuis plus de quinze ans, une consommation qui bat de l'aile, des investissements qui traînent à rebondir sans parler des exportations à la peine et une compétitivité qui s'érode.

Un tableau à donner le vertige, même à la meilleure volonté du monde. Car l'ampleur des défis et de la tâche est de nature Herculéenne. Mais n'est ce pas l'essence de la politique ? Une de ses raisons d'être.

Mais revenons à notre sujet. Pourquoi rappeler cette sombre réalité ?

Tout simplement parce que le discours en vigueur consiste à dire, qu'en dépit de nos efforts, de notre politique réformatrice ambitieuse, il y a -aurait -  des facteurs, des coupables qui nous empêchent d'atteindre notre objectif principal : retrouver une croissance forte, préalable à un marché de l'emploi dynamique, à une consommation plus vigoureuse, à une réduction sensible de nos déficits... bref, enclencher le cercle vertueux.

L'exemple le plus marquant ce sont les propos qui montrent régulièrement d'un doigt accusateur l'Allemagne mettant en exergue son supposé cavalier seul qu'elle pratiquerait, son égoïsme qui serait à l'origine des affres de nos industries. Et d'une incapacité chronique chez nous à améliorer nos parts de marché dans le monde. Un raccourci facile, erroné et démagogique. Bien sûr, l'Allemagne n'est pas exempt de tous reproches au regard de sa machine à exporter terriblement performante. Mais voilà qui revient à faire porter le chapeau de notre perte d'efficacité commerciale à l'Allemagne !

Encore plus parlant car d'une actualité brulante : l'Euro, qui serait la source de tous nos maux ! Euro satana ! Pour certains de nos responsables politiques, c'est l'incarnation du diable ! L'heure est à le combattre, à souhaiter sa disparition. Quelle malhonnêteté intellectuelle ! Mais voilà un discours qui sonne bien car en totale résonnance auprès d'un électorat déboussolé... autant de voix à récolter...

Un vrai hold-up intellectuel de la part de ses chantres pour trois raisons :
- c'est tromper les oreilles de ceux et celles prêtent à l'entendre,
- c'est promettre en toute connaissance de cause une chose intenable et surtout
- c'est modeler la réalité non pas telle qu'elle est mais telle qu'ils l'imaginent, qu'ils la souhaitent.

Les exemples, comme les feuilles mortes à l'automne, dans notre pays, de cette mauvaise foi, se ramassent à la pelle.

En se dédouanant ainsi invariablement de ses responsabilités, la France dévisse progressivement du monde nouveau dans lequel elle vit, survit même de plus en plus. Avec au final, toujours les mêmes à payer l'addition  : le citoyen contribuable.

Nous sommes responsables de ce que nous sommes et ce que nous faisons. De nos réussites comme de nos échecs.

Avant d'être en mesure de réformer concrètement aussi ambitieusement qu'ont le dit (prétend), la clé se trouve d'abord et avant tout dans ce changement radical et fondamental de mentalité...

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