lundi 6 décembre 2010

Choix de la Fifa : pourquoi l'Occident n'a rien compris

Avec la désignation de la Russie comme pays hôte de la coupe du monde de football de 2018, on peut comprendre que la pilule soit plus qu'amère pour la Grande Bretagne, favorite.

Le dossier des anglais frôlait la perfection, ne souffrait d'aucune ambiguïté quant à sa qualité, que ce soit en termes d'infrastructure, de transport, de sécurité, ou encore dans la maîtrise de l'organisaton.

Bref, sur le papier, le pays berceau du football, présentait la plus belle équipe et, au regard de la logique pure, devait l'emporter haut la main face à ses adversaires. Mais voilà, sur le papier. Or, il y a aussi la réalité (du terrain). Et dans le sport, on sait que le surprises ne sont pas rares. Au dépend, cette fois, de nos voisins d'outre manche.

On comprend un peu moins la bile déversée outrageusement et la rancoeur exprimée avec véhémence par une partie de la presse et des médias au lendemain de la défaite. Des écrits et des propos à mettre sur le dos de la déception. Toutefois, il y a des limites à ne pas dépasser. Car l'injure ressentie ne peut effacer la blessure doloureusement vécu par le perdant. Au contraire, elle avive la plaie.

Et, puis nous avions la bizarre impression de revivre l'histoire de l'arroseur arrosé. En effet, ce que la presse anglaise décrit comme la cause de leur perte, une soi disante corruption à l'oeuvre au sein de la Fifa, est probablement la même à l'origine de leur succès dans l'obtention des Jeux Olympiques de 2012 au nez et à la barbe de Paris. Autrement dit, on crie au loup quand le système nous est défavorable et on lui fait fête quand il sert nos intérêts.

A ce sujet, parler de corruption est aller bien vite en besogne. Un ''short cut'' émotionnel et populaire assuré de faire mouche auprès d'une population en colère prête à être confortée dans ses préjugés. Comme il en a été dans cette affaire par les médias anglais en parlant de la Russie d'un Etat vermoulu par la corruption.

Mais encore faut il s'entendre sur le mot corruption et la réalité qu'il recouvre. Au sens strict, il s'agit d'une personne qui vote pour le pays le plus généreux en pots de vin reçus à titre individuel. Mais qu'en est-il quant on parle de marchandages, de compromissions, de la parole donnée, globablement disons de pratiques abscones à l'oeuvre et inhérent, depuis la nuit des temps, à ce type d'opération. Comme il en va dans d'autres secteurs.

Quel pays peut se targuer de n'avoir jamais usé de ces procédés douteux ? Et qui mettent à mal notre croyance en un monde probe. On aimerait que tout soit ''clean''. Mais c'est un voeu pieu. Le monde est ainsi fait... La roue tourne. Il faut accepter le système, aussi, quand ses rouages, aussi critiquables (condamnables) soient-ils, contribuent à notre infortune.

Bien sûr, l'argent est maître et c'est lui qui a en partie dicté les choix de la Fifa. Mais pourquoi ces cris de vierges effarouchées ? Une nouveauté ? Please, comportons nous en adultes...

Mais, au-delà de tout cela, il y a plus grave. Et là on ne comprend plus du tout. La réaction excessive des Etats-Unis en est une preuve également. C'est que le monde occidental, et, en particulier, l'Europe de l'Ouest, n'a rien compris au sens de ces choix. Et très lourd de conséquences pour notre continent ou le football est le sport roi.

Il faut en prendre la mesure et vite. Car cela veut dire, avec le Quatar comme pays organisateur en 2022, que la coupe du monde de football ne se sera déroulée qu'une fois, en 2006 en Allemagne, en vingt cinq ans sur le vieux continent ! Et dans le meilleur des scénarios. Car il y a tout lieu de penser que la Chine devrait rafler la mise en 2026. Et ensuite ? Pourquoi pas le Mexique ? Ou encore l'Inde ? Ou, plus proche la Turquie ?

La principale leçon à en tirer ? Et elle n'est guère flatteuse pour nos pays : la marginalisation de l'Europe, qui d'un point de vue économique est largement et incontestablement en marche, voilà qu'elle déteint sur d'autres secteurs, comme le sport. Jusqu'ici sanctuarisé le football est désormais affecté par cette mondialisation croissante.

Ainsi comme l'écrit Pascal Boniface, directeur de l'IRIS, dans son analyse du 03 décembre :  "Une fois encore, après le choix de la Chine pour les JO, du Brésil pour les JO et la Coupe du monde, le choix des pays hôtes des compétitions sportives mondialisées symbolise la multi-polarisation du monde".

Au lieu de se comporter comme des chiens enragés, les pays du monde occidental, devraient, avant tout, se porter en Etats responsables et engager au plus vite une réflexion en commun sur cette tendance de fond. Qui plus est appelée à se renforcer dans les vingt ans à venir. Sous peine, en l'absence de toute action à la hauteur de ces enjeux, d'être définitivement rayé de la carte des grands événements sportifs internationaux.

25 ans sans coupe du monde, c'est long, très long... surtout pour des économies à bout de souffle... sans parler d'opinions publiques avec le moral au plus bas...

Aucun commentaire: