jeudi 7 janvier 2010

Philippe Séguin : disparition d'un véritable homme d'Etat

Les meilleurs partent toujours les premiers. Nous en avons, malheureusement, confirmation une nouvelle fois avec la disparition brutale de Philippe Séguin, premier président de la Cour des Comptes.

Philippe Seguin était probablement l'un des derniers véritables hommes d'Etat en exercice dans notre pays. D'une trempe hors norme, discutable naturellement, qui disparaît progressivement et dont la relève à ce jour demeure incertaine pour ne pas dire compromise.

Un véritable homme d'Etat pour qui servir la Nation avait un sens. Le sens de toute sa vie politique auquel nulle entorse ne peut lui être reprochée. L'incarnation infaillible du don de soi et que l'on est en droit d'attendre de la part d'un élu ou représentant de la République. Quelques soient les vicissitudes du combat politique et les coups bas de la vie en général.

L'expression au sens noble d'une vraie conscience de l'intérêt national, la pleine mesure des responsabilités dont il avait la charge, une volonté constante d'élever le débat, de privilégier le fond à la forme, une fidélité à la fois raisonnée et passionnée à ses convictions. Ses interventions lors du débat sur la monnaie commune resteront à jamais dans le mémoires. Des discours et un engagement digne des plus grands. Le fait de partager ses vues ou non étant un autre sujet.

Philippe Séguin était également devenu à lui tout seul la voix de la raison, depuis sa prise de fonction à la Cour des Comptes, et, à dire vrai, une alerte sur les dangers de la dérive inquiétante de nos finances publiques. Donc, par conséquent, la remise en cause de la crédibilité de nos Institutions et de l'efficacité des organismes publics dans leurs missions.

Avec sa disparition, il est à craindre que sur ces sujets cruciaux et déterminants pour le devenir de notre pays, les moeurs se relâchent et les esprits se délitent.

Voilà pourquoi pour la dignité de notre République vacillante, la grandeur de la politique défaillante et l'avenir de la France affaiblissante, sa disparition est une très mauvaise nouvelle, une tragédie au-delà, bien entendu, de celle, avant tout, humaine. Sincères condoléances à sa famille et ses proches.