jeudi 17 juillet 2008

Blogeurs et journalistes

Comme chacun le sait car la décision a fait grand bruit dans le landerneau de la presse et de l'Internet, Versac, dit blogeur ''influenceur'' a rendu son tablier. Une des raisons serait la virulence des attaques, virulence allant crescendo, de journalistes de renom et on le sait qui ne portent pas dans leur coeur la blogosphère. Sans parler d'une lassitude et d'un accaparement de son temps ''libre'' par ses activités professionnelles.

Dans cette affaire, beaucoup d'amalgame. En effet, depuis le début, première erreur commise par tous, et surtout les médias car ils se voient faussement comme des victimes, il y aurait une opposition entre blogeurs et journalistes. Une approche totalement erronée mais normale en France, pays ou l'on a la sale manie d'opposer tout le monde tout le temps . On préfère systématiquement la confrontation, parfois brutale (nous ne sommes pas le pays de la Révolution pour rien) à l'échange, la concertation. Afin de mieux se comprendre.

Au lieu de conflit, on devrait parler en terme de complémentarité. En effet, un blog est de l'éditorial, quasi exclusivement. Le blogeur, surtout dans le cas de Versac, prend un fait, pour exprimer son point de vue, livrer son analyse. Un journal par définition, se compose non seulement d'éditoriaux ou tribunes libres mais aussi, et en grande partie, d'articles factuels.

Autre différence : le journal est le fruit d'un travail collectif. Les blogs, en très grande majorité, sont l'oeuvre d'un individu.

Continuons dans les différences majeures : un blog est souvent l'expression d'une passion ou d'une expertise partagée pour un public ciblé. Il y a donc un aspect éminement communautaire. Un journal, au contraire, a pour objet de ratisser large. Très large. Donc il est avant tout ecclectique. Il est universel dans ses sujets.

Le succès d'un blog repose aussi sur sa rareté. Par rareté, j'entends l'expression d'un point de vue original, la mise en ligne d' informations précises, propres à un domaine (activité, compétence...), une spécialisation recherchée, une expertise unique.

Enfin, un blog permet en général d'établir un échange, normalement, de proximité, suivi, durable et mutuellement enrichissant entre le blogeur et ses lecteurs. Un journal est systématiquement plus hierarchique et moins souple.

Sans oublier que la démocratie, par essence, c'est la pluralité des opinions. Quel média à ce jour mieux qu'Internet peut prétendre donner corps à cette pluralité ? Ou s'en rapprocher ?

Pluralité qui fait imploser les repères mais surtout le privilège du savoir et de l'opinion donnée des journalistes. Voila la grande peur de ces derniers. Et qui expliquent leur fronde, même leurs attaques systématiques et au mortier contre la blogosphère. Ils ne sont plus la SEULE et UNIQUE source, à défaut d'informations, d'opinions auprès du grand public. Leur monopole éclate. La césure entre l'élité, qu'ils incarnent à leur goût et seule détentrice du savoir éclairé, le ''peuple'' se fracasse comme la vague contre les rochers grâce à Internet.

Une peur compréhensible mais lutter contre cette évolution est un combat d'arrière-garde et contre-productif. Il y a suffisamment d'espace pour chacun. A la condition que chacun tienne sa place, assume son rôle et ses responsabilités clairement. Sans tromper les internautes.

Enfin, que veut dire ''influenceur'' ? De quelle influence parlon-nous ? Se mesure-t-elle ? Par rapport à qui, sur quoi ? Encore un adjectif fruit de ce besoin irrépréssible d'étiqueter en France.


Dernier élément : on constate la professionnalisation de blogeurs. A l'instar de Presse Citron. Comment interpréter cette nouvelle étape ? Ce sujet appelle un nouveau post car c'est un autre débat. On entre dans une nouvelle dimension. Car qui dit professionnalisation dit autres problématiques. Cette professionnalisation, une nouvelle menace pour les médias traditionnels ? j'en reparlerai.

Aucun commentaire: