Depuis plusieurs semaines maintenant, les ''indignés'', comme ils s'appellent eux-mêmes, ont investi massivement une des places centrales de Madrid. Et d'autres villes en Espagne.
Un mouvement populaire de mobilisation à grande échelle sans précédent en Espagne, peut être depuis la fin de l'ère Franco.
Une mobilisation qui, une fois de plus, a été initiée par des jeunes via les réseaux sociaux tels Facebook ou encore Twitter.
La similitude avec les ''printemps'' tunisiens et égyptiens frappe.
Un mouvement qui, désormais, concerne toute la population espagnole. Car les jeunes ont été largement rejoints par des cadres, travailleurs indépendants, fonctionnaires, retraités... Bref, un mouvement avant tout social et bigarré.
Tous unis contre le ras bol d'une élite politico-médiatique qui vivrait dans un autre monde, hors sol, préservé des conséquences terribles de la crise économique qui frappe sévèrement et durement les espagnols, tous sans exception. Sans parler de la cure d'austérité qui devrait aggraver la situation de beaucoup.
En effet, le taux de chômage est passé de 8% à 20% ! Quant aux jeunes, la conjoncture frôle vraiment le scénario catastrophe avec un sur deux de moins de 25 ans au chômage.
Comme il est à craindre, du désespoir, de l'absence de perspective naît, d'abord la frustration puis la colère qui monte. Irrésistiblement. De sourde, elle finît toujours par éclater. Avant, dans la plupart des cas, de dégénérer. Surtout quand la classe politique fait la démonstration soit de son indifférence, comptant sur le classique essoufflement du mouvement, soit de son incapacité manifeste à répondre aux attentes (immenses) de la population.
C'est probablement une première en Europe occidentale depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Car la nature de cette mobilisation est sociale et civique. Non idéologique.
L'exemple espagnol peut-il donner des idées aux autres peuples européens ? Probablement.
Même si les situations ne sont pas tout à fait les mêmes. Une des singularités de l'Espagne : le taux de chômage particulièrement élevé chez les jeunes.
Cependant, à y regarder de plus près, le tableau n'est pas moins sombre parmi nombre de pays européens.
La France peut-elle aussi être gagnée par l'exaspération espagnole ? J'en doute. Pourtant, objectivement, les français ont toutes les raisons de descendre dans la rue.
Cependant, j'y vois deux éléments inhérents à notre culture et système social qui y font obstacle jusqu'ici.
D'une part, notre individualisme, à croire qu'il est inscrit dans nos gènes. Le Français pense d'abord, généralement, à son propre intérêt avant celui de l'intérêt général. Inutile de s'écrier comme une vierge effarouchée. C'est une part patente de notre culture.
D'autre part, trop de monde profite des largesses de notre système social. Autrement dit, trop de monde est redevable de nos leaders politiques. Il suffit de penser que plus de la moitié des ménages français bénéficient d'aides, de subventions, d'allocations en tous genres pour se subvenir. Une façon d'acheter la paix sociale, à n'importe quel prix en sorte.
A moins que l'émergence d'Internet couplé à un véritable ras le bol, une lassitude, notamment face à aux affaire politiques et aux comportements scandaleux de leaders censés être exemplaires, ne prennent le dessus chez les français. Qu'ils comprennent que tous ensemble, ils auraient nettement plus à gagner qu'à jouer leur propre partition dans leur coin. Qu'ils mesurent que s'indigner est nécessaire mais insuffisant pour espérer changer le cours des choses. La fatalité n'existe que pour ceux et celles qui restent les bras croisés.
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