jeudi 16 juin 2011

Pourquoi Jacques Chirac ne plaisante pas

Samedi dernier, Jacques Chirac a déclaré ''qu'il voterait pour François Hollande en 2012'' . La petite phrase de Jacques Chirac a naturellement eu l'effet escompté. Fait mouche. Et le tour du larnderneau médiatico-politique ou politico-médiatique, selon vos aises.

Le petit cailloux dans la chaussure, en particulier, de Nicolas Sarkozy, a bien été lancé. Est il fait pour que le candidat non déclaré mais probable à sa propre succession à l'Elysée parte avec un handicap de plus dans la course à la présidentielle, telle est la question !

L'entourage de Jacques Chirac, conscient du mauvais effet de cette ''sortie'' verbale, a convaincu son mentor de vite éteindre le feu qui couvait et d'apaiser un climat visiblement tendu en parlant de ''plaisanterie''. De surcroît ''corezienne''. Mon oeil. Car qui peut croire à cette version. A part les naïfs qui semblent particulièrement nombreux parmi les journalistes. Ou qui se plaisent à l'être.

Cette phrase, voulue ou échappée (sciemment ?), en dit long, très long sur la toute la carrière politique de Jacques Chirac. Elle vaut, à elle seule, toute une biographie ! Je vous économise 400 pages de lecture, imaginez le gagne temps !

En effet, il va de soi que Jacques Chirac n'a jamais été véritablement un homme de droite. De centre gauche, oui. Ses convictions et son action politique en sont les meilleures preuves.

Certes, Jacques Chirac, a eu une incartade, de deux ans, entre 1986 et 1988, en tant que chef d'un gouvernement qui a porté une politique plus libérale que d'habitude en France. Mais ce fut une parenthèse, lui même n'y croyant pas, n'étant pas un fervent adepte du libéralisme. A l'époque ce sont ses ministres d'obédience de droite qui ont, avant tout, poussé dans ce sens.

Jacques Chirac est avant tout un homme de gauche. Donc il est normal et logique que son vote aille au candidat du Parti Socialiste. Son geste est en accord avec ses idées, il ne se trahit pas ! Ne se renie pas. Enfin, après plus de quarante ans de parcours politique. D'autant qu'il n'est absolument pas en ordeur de sainteté avec Nicolas Sarkozy. Il n'aime pas l'homme, son comportement, ses idées et la façon dont il exerce les fonctions de Chef de l'Etat. En termes de projet de société, vision de la France, conception politique, ses deux hommes sont aux antipodes.

Fidèle à son rôle d'animal politique rusé, et dangereux quand il est atteint dans sa dignité, Jacques Chirac fera tout, cette fois, pour gêner Nicolas Sarkozy et surtout l'empêcher de renouveler son succès à la présidentielle.

Jacques Chirac sait ce qu'il fait. Rappelez vous Jacques Chaban Delmas et Valery Giscard d'Estaing.

Nicolas Sarkozy devrait prendre l'homme au sérieux d'autant qu'il bénéficie d'une popularité exceptionnelle et que je n'explique toujours pas au regard de son bilan politique nul au terme de ses deux mandats. L'immobilisme a été tout de même la marque de fabrique du président Chirac.

On peut comprendre également le malaise des leaders du Parti Socialiste car l'ancien président ne constitue pas franchement une référence pour tout candidat à la magistrature suprême !

Voilà pourquoi Jacques Chirac n'a pas plaisanté.  

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