dimanche 21 novembre 2010

Karachi : pourquoi la vérité, maintenant ?

Rappel des faits : le 8 mai 2002, un attentat à Karachi  coûte la vie à 15 personnes dont 11 Français salariés de la Direction des constructions navales (DCN).

Dès le début, cette sombre affaire sent le souffre. C'est sans surprise que, petit à petit, la lumière commence à se faire. Trop opaque jusqu'ici pour que les versions officielles soient plausibles et tenables, conformes à la vérité.

Dès le début, il fallait s'attendre à la révélation du pire. Le pire ? Le sacrifice de vies humaines, semblerait-il (le conditionnel est important car aucune preuve, quelque soit sa nature, a été encore apportée corroborant nos lourds soupçons) sur l'autel des intérêts électoraux de leaders politiques.

Ainsi, l'ancien ministre de la Défense Charles Millon a confirmé devant le juge Renaud Van Ruymbeke de l'existence de rétrocommissions versées jusqu'en 1995, en marge d'un contrat de vente de sous-marins français au Pakistan.

Charles Millon, encore, a confié au juge que "dans les quinze jours qui ont suivi" sa nomination au gouvernement en 1995, le président de la République Jacques Chirac lui "a demandé de procéder à la révision des contrats d'armement et de vérifier dans la mesure du possible s'il existait des indices sur l'existence de rétrocommissions", selon cette source.

De longue date, la justice examine l'existence potentielle de rétrocommissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan qui auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur et dont le porte-parole était alors Nicolas Sarkozy.

Ainsi, le chaînon qui manquait jusqu'ici pour faire le lien entre cette attentat en représaille du non paiement de ces retrocomissions pour faire échouer Edouard Ballardur dans sa conquête de l'Elysée, est en train d'être exhumé.

On peut comprendre l'effroi au premier abord, surtout si cette version se confirmait, que des convocations et ensuite condamnations par la justice suivaient, des familles des victimes.

Un pays ou paraît il la vie humaine a une valeur, est même sacralisée. Mais qui, en fait, n'aurait pas de prix (?). Le pays des Droits de l'Homme. Le pays réputé pour son accueil séculaire et généreux envers les migrants, les oppressés, les persécutés du monde entier.

Qui plus est avec des hommes politiques qui se font fort également de ramener toujours sur la table ces sujets touchant aux libertés et à la dignité humaine lors des principaux rendez vous entre chefs d'Etat ou réunions au sein des Institutions internationales.

On peut comprendre l'incompréhension donc des familles. Le plus dur est très probablement devant elles. Il va leur falloir beaucoup de courage et encore plus de détermination car cela ressemble, au lendemain de leur plainte contre Chirac et Villepin, à la lutte du pot de fer contre le pot de terre.

Elles risquent, de surcroît, de découvrir le terrible envers du décor de la politique. Ou le cynisme règne en maître quand l'intérêt de ses protagonistes est directement en jeu. Quand la logique implacable et glaciale de la réalité dicte les pas et comportements lors des rivalités (sans foi ni loi ?) de pouvoir. Oui, en général, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. Machiavel est toujours vivant !

A ce propos, Dominique de Villepin commence, en dépit de son immense expérience, à l'apprendre à ses dépends. Car nous voilà au centre de la question : pourquoi cette affaire ressort maintenant avec des interlocuteurs prêts à ''déballer'', à sortir de leur mutisme. Pourquoi maintenant ?

Dominique de Villepin, sans conteste, paie le prix de son engagement frontal contre le Président de la République. Il a le retour de sa monnaie, sonnante et trébuchante, de son opposition violente et sans concession. Sans parler de son ambition ouverte de concurrencer Nicolas Sarkozy lors de la prochaine élection 2012.

Or, dans cette course, tous les coups sont permis. Les plus tordus, les plus monstrueux, les plus dégradants. No limit dans ce jeu, non pas virtuel, mais bien réel. Et, au bout, des acteurs qui n'en sortent pas indemnes, avec des séquelles (morales) plus ou moins longues en fonction de leur résilience.

Dominique de Villepin, s'il persiste et signe dans son combat, lui qui de surcroît, prétend être le chevalier prude et sans reproches, doit s'attendre à un tapis de bombes. Autrement dit, à la multiplication des coups bas pour annihiler sa volonté d'aller jusqu'au bout. Au lieu de fendre l'armure, on lui conseille de s'en équiper d'une efficace.

Dans cette affaire, la politique ne sort pas grandie. Plutôt avilie. Une nouvelle fois, elle offre un visage détestable,  haïssable. Ecoeurant. Pas étonnant, au final, que le peuple s'en détourne de façon croissante. Surtout,  que les leaders politiques ne s'étonnent pas/plus de la montée progressive mais significative du populisme avec, à force, une vraie mise en danger de la démocratie...

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