lundi 13 décembre 2010

Pourquoi notre démocratie est mortelle...

Tiens, comme c'est étonnant (du point de vue de l'élite politique) le Front National fait son retour dans les sondages. La bête que l'on croyait terrassée, définitivement hors course, à l'effet de nuisance réduit à néant, vit et reprend des forces. Peut-être plus que jamais.

Pourquoi cet étonnement, pour ne pas dire cette stupeur croissante - une fois la gravité de la chose digéré par une conscience choquée - de la part de la classe politique ? Car il suffit d'écouter et de fréquenter la ''France d'en bas'' pour comprendre qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, même plus rond au sein de nos territoires...

N'entendez vous cette colère qui monte ? Non visiblement de la part de notre classe politique. Cette dernière ne veut surtout pas regarder en face la réalité sociale. Un déni, un attitude de refus qui désormais dure depuis plus de vingt ans.

Comment expliquer dans ce cas ce déphasage, entre une réalité et la réponse apportée par les leaders politiques ? Ce dialogue de sourd ? L'explication tient en un mot : une césure. Plus qu'une fracture, une vraie césure est à l'oeuvre entre les citoyens confrontés à un quotidien éprouvante et à l'avenir incertain et une classe dirigeante qui perdure dans sa tour d'ivoire, à l'abri des violents contre-coups économiques que la France prend régulièrement dans les reins depuis la première crise du pétrole, soit en 1973.

Une classe politique hors sol. Tandis que nos concitoyens, les pieds bien sur terre, éprouvent les pires difficultés dans leur vie de tous les jours. D'où une incompréhension entre les deux. Incompréhension qui grandit et qui, à force, débouche sur la perte de confiance. En l'absence de changement radical dans les comportements de nos dirigeants, à la hauteur des attentes de la part des citoyens.

Autrement dit, des citoyens qui espèrent de la solidarité de la part de leur classe dirigeante. Comme se serrer la ceinture, consentir aux mêmes sacrifices financiers, se soumettre à la même cure d'austérité budgétaire... partager ce régime sec très draconien. Or, aucun signal fort n'est envoyé ou perçu en tant que tel par les citoyens.

Sans parler, parfois, d'un goût amer d'impunité de la part nos dirigeants en dépit des fautes commises car ce sont eux aux commandes, et qui se partagent les responsabilités, depuis plusieurs décennies. Voilà qui n'est pas sans rappeler le célèbre ''responsables mais pas coupables''.

De l'incompréhension à la défiance, on passe tout naturellement à la colère. Coctail explosif  et dangereux de la lassitude et la rancoeur, dont cette derniere, devient progressivement de latente à manifeste.

De là, un peuple a plusieurs options pour exprimer sa colère, fruit d'un désarroi, pour ne pas dire d'une déséspérance au mieux incompris, au pire nulle prise en compte par ses dirigeants : la voie de la violence. Des émeutes éclates éparses, sporadiques mais tels des métastases, se généralisent et gangrènent tout le territoire. Le pays bascule dans la désordre, le chaos social, voire la guerre civile.

La voie de la légalité, celle politique, par les urnes, en votant pour un parti en total résonnance avec ce mécontentement et en promettant des lendemains meilleurs notamment en punissant celles et ceux qui sont à l'origine de leur souffrance.

Mais une option, en fait, faussement vertueuse. Car le résultat serait tout aussi désastreux. Comme l'histoire l'a mainte fois prouvé par le passé. La gouvernance d'un Etat par un parti extrême, droite ou gauche, conduit toujours au pire pour un peuple : dictature, fin de l'Etat de droit, restriction des libertés, retour de l'arbitraire, une économie en déshérence, une paix sociale payée au prix d'innombrables vies humaines...

Pourtant, ce scénario du pire, qui, il y a encore, une décennie, faisait figure de fiction politique, prend corps insidieusement. Sa probabilité s'est emballée.

Premier élément tangible : en Europe, nombreux sont les partis d'extrême Droite à percer et s'imposer comme une pièce incontournable sur les échiquiers politiques nationaux : Belgique, Autriche, Suède, Pays-Bas, Suisse, Hongrie. Une contagion constante et qui ne connaît pas de rémission dans sa progression.

Le pays que tout le monde devrait surveiller comme le lait sur le feu, c'est l'Allemagne. Car le jour ou l'extrême droite emboîtera le pas, dans ce cas, cela veut dire que le garde fou moral ultime en Europe tombera. Donc, les vieux démons dont nos Nations se croyaient (candidement) à jamais débarrassé, viendraient à nouveau frapper à la porte de nos démocraties.

Deuxième élement, en France : à plus d'un an de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, est créditée de 17% d'intention de votes ! A la même période, son père recueillait ''seulement'' 12% en 2001. On sait toutes et tous ce qu'il advint en 2002...

Une nouvelle fois, pour minimiser le risque et se convaincre que l'histoire ne se répète jamais, tous les leaders avancent des arguments, qui, du point de vue de la logique pure et intellectuellement parlant sont indiscutables, mais terriblement à côté de la plaque au regard de la réalité de notre pays. 

Tout ceci est prévisible depuis vingt ans. Encore faut il accepter de regarder la France réelle droit dans les yeux. Et non se cacher derrière des rideaux de fumée.

La lâcheté de nos responsables politiques sur des sujets de première importance comme l'immigration tout comme leur décrochage du réel d'avec la France qui travaille sont les causes premières de cette résistance du FN dans le paysage politique national.

Leur salut - encore faut-il qu'ils souhaitent ardemment se sauver autant qu'ils le disent, ne peut venir que d'eux mêmes. Surtout pour la Droite qui paie ''cash'' ses errements idéologiques.

A l'instar de la nature, la politique a horreur du vide. Tous nos responsables politiques, à force de répondre aux abonnés absents sur des enjeux majeurs, ont laissé une place vacante. Que les extrêmes (car l'extrême gauche ne faut il pas l'oublier est une épine dans le pied du PS mais dans une moindre mesure) ont su par opportunisme et habilement occupé.

Sous-estimer son adversaire conduit généralement à sa propre perte... tout le monde devrait relire les conditions de la prise du pouvoir par Hitler ou encore Mussolini...

Ne jamais oublier... En sommes nous capables aveuglés par notre certitude d'être meilleurs que nos ancêtres ? Sans oublier que l'Histoire est sans fin... Notre démocratie et notre mode de vie sont mortels comme nous le sommes, nous autres, êtres humains...

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